Aurélie Hoegy, la fibre au corps

Par Véronique Lorelle, Le Monde, 9 Sep 2023

Volutes, tresses, lianes ensauvagées : rien ne semble freiner l’envol de ces assises-sculptures, ces mobilesà la Calder qui stupéfient le visiteur, à peine franchies les portes de cet atelier dans un ancien moulin de Presles (Val-d’Oise). Dans ce village francilien resté champêtre, Aurélie Hoegy, 34 ans, virevolte en jeans et tee-shirt au milieu des œuvres de rotin qu’elle a réalisées de ses mains pendant des mois, avec une patience infinie.

 

Ici, la banquette Wild Fibers Duchess, façon divan échevelé, sur lequel aime à dormir son chat Vague :une version est entrée dans les collections du Centre Pompidou, à Paris, avant d’avoir paradé dans l’exposition « Mimèsis, un design vivant », au Centre Pompidou-Metz, en 2022-2023. Là, en cours de séchage sous des voilages blancs, la Wild Fibers Tapestry, une œuvre tridimensionnelle en partance pour le Musée des beaux-arts de Houston, au Texas (Etats-Unis), où elle sera suspendue dans une des belles pièces de ce lieu grandiose. Là encore, un petit tabouret aux pieds de bambou, pas encore enrubanné de rotin, qui vise un public plus large d’amateurs, de ceux qui plébiscitent les matériaux naturels pour leur intérieur. Lui doit partir au Mexique, exposé dans le cadre de la Mexico Design Week, du 10 octobre au 5 novembre.

 

Aurélie Hoegy s’est intéressée dès ses débuts au design en lien avec le mouvement, à des objets qui prennent vie d’une manière ou d’une autre. En témoigne sa première création – une lampe avec un entrelacs de fils indomptés – que l’étudiante native de Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble, a conçue pour son diplôme de fin d’études de la Design Academy Eindhoven, aux Pays-Bas. « C’est à Eindhoven que j’ai appris à sortir, sans peur, ce que j’ai à l’intérieur », confie-t-elle.

 

Dès sa deuxième création, la série d’assises improbables Dancers, en coton et latex façon biches effarouchées, à mi-chemin entre fonctionnalité et fantasmagorie, elle est remarquée, notamment par Lidewij Edelkoort, experte des tendances design et commissaire d’exposition basée à Paris qui va, à plusieurs occasions, exposer ses pièces. En 2015, Aurélie Hoegy reçoit le prix RADO Star, décerné par un jury présidé par Constance Guisset, pour ses Dancers. En 2017, la très courue Carpenters Workshop Gallery les présente à Londres et, en 2021, elles entrent dans les collections du Centre national des arts plastiques à Paris.

 

Une chaise au dossier ébouriffé

A la manière du Nippo-Américain Isamu Noguchi (1904-1988), pourtant d’une autre génération, Aurélie Hoegy s’est formée seule, voyageant à ses frais en quête de savoir-faire qui l’intéressent. « Ici, en France, beaucoup de gestes de la main et de connaissances liées aux ressources naturelles se sont perdus, c’est pourquoi je voyage », explique-t-elle.
 
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https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2023/09/06/aurelie-hoegy-la-fibre-au-corps_6188128_4497319.html

Volutes, braids, wild vines: nothing seems to slow down the flight of these seat-sculptures, these Calder-style mobiles which astound the visitor, as soon as they enter the doors of this workshop in an old mill in Presles (Val-d'Oise). ). In this rural Ile-de-France village, Aurélie Hoegy, 34, twirls in jeans and a t-shirt among the rattan works that she has created with her hands for months, with infinite patience.

 

Here, the Wild Fibers Duchess bench, disheveled sofa style, on which her cat Vague likes to sleep: a version entered the collections of the Center Pompidou, in Paris, before being paraded in the exhibition “  Mimèsis, a living design  », at the Center Pompidou-Metz, in 2022-2023. There, drying under white curtains, the Wild Fibers Tapestry, a three-dimensional work on its way to the Museum of Fine Arts in Houston, Texas (United States), where it will be suspended in one of the beautiful rooms of this grandiose place. Here again, a small stool with bamboo legs, not yet wrapped in rattan, which targets a wider audience of amateurs, those who favor natural materials for their interior. He must go to Mexico, exhibited as part of Mexico Design Week, from October 10 to November 5.

 

From the outset, Aurélie Hoegy was interested in design linked to movement, in objects that come to life in one way or another. This is evidenced by her first creation – a lamp with an interlacing of untamed threads – which the student native of Saint-Martin-d'Hères, near Grenoble, designed for her final diploma from the Design Academy Eindhoven, in The Netherlands. “It was in Eindhoven that I learned to bring out, without fear, what I have inside ,” she confides.

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